Restaurer l'estime de soi
étape N°1 - L'estime de soi, c'est quoi
C’est quoi l’estime de soi ?
L’estime de soi est la valeur que je me donne en tant qu’individu.
En résumant en une phrase, c’est :
« Comment je me vois et si j’aime ce que je vois »
En précisant un peu, c’est :
« Est-ce que je m’aime ? »
« Est-ce que je me sens capable et compétent(e) ? »
« Est-ce que j’ai confiance en moi ? »
C’est donc une perception et un jugement sur moi, qui ne reflète pas forcément la réalité.
Pourquoi est-ce important ?
L’estime de soi représente une dimension fondamentale de ma personnalité. Elle est essentielle à mon équilibre psychologique.
Dans les raisons qui amènent les personnes vers la psychothérapie, ce sentiment d’infériorité en est la cause la plus fréquente.
C’est dans les années 1990 que la prise de conscience devient mondiale sur cette problématique. On cherche depuis à comprendre ce qui altère l’estime de soi et comment la réparer.
Une bonne estime de soi, c’est ?
C’est une personne qui s’aime et pense qu’elle mérite d’être heureuse. Une personne qui se sent capable et compétente, qui pense qu’elle saura s’adapter en cas de difficultés ou de changement(s).
Une bonne estime de soi, c’est aussi avoir confiance en soi (pour établir des relations avec autrui et initier des projets). Cela favorise une meilleure réalisation personnelle et une bonne intégration sociale.
La personne ayant une bonne estime de soi a régulièrement des sentiments de satisfaction et de fierté envers elle-même. Elle se sent globalement « bien dans sa peau ».
Cette personne est bienveillante avec elle-même et autrui. Elle fait preuve de souplesse (savoir changer d’idée, reconnaître ses erreurs, s’adapter aux personnes et aux situations). Elle sera peu dépendante de l’avis ou du regard des autres.
Une bonne estime de soi favorise la « solidité » de la personne dans les difficultés de la vie (échecs, ruptures affectives, accidents ou maladie). Elle va souffrir, plier, mais ne sombrera pas. Elle utilisera ses expériences difficiles comme apprentissages. Elle est dite « résiliente ».
La personne sera donc moins sensible au stress, à l’anxiété et à la dépression. Elle régulera mieux ses émotions.
Les 3 règles à savoir sur l’estime de soi :
1 L’effet projection :
Le cerveau est ainsi fait que je prête facilement mes pensées aux autres. C’est ce qu’on appelle « la projection » : le regard que je perçois de l’autre n’est autre que le regard que je porte sur moi-même.
Par exemple :
Si je m’aime, je pense facilement que les autres m’aiment.
Si je me trouve capable, je pense facilement que les autres me trouvent capable.
Je l’ai compris, si j’ai une piètre estime pour moi, je vais facilement interpréter que les autres ne m’aiment pas et me prennent pour un incapable.
2 Chaque personne cherche à rehausser son estime de soi.
Notre survie et notre sécurité dépendent des autres. En effet, j’ai plus de chance d’être protégé(e) par les autres et de trouver un partenaire pour me reproduire si je suis apprécié. C’est pourquoi le regard d’autrui est si important dans l’estime de soi.
C’est pour cette raison que nous passons une grande partie de notre temps à essayer de recevoir un regard positif d’autrui avec les stratégies suivantes :
- En obtenant un regard aimant et valorisant sur nous par l’amour et l’amitié.
- En obtenant de la reconnaissance de quelqu’un qu’on aide.
- En étant bon et généreux avec autrui.
- En voulant faire les choses « bien » et dans la perfection pour être valorisé(e).
- En voulant incarner nos valeurs.
- En nous conformant à ce que la société ou les autres attendent de nous (conformisme).
- En améliorant notre image (sport, régime, réseaux sociaux).
Il y a beaucoup d’autres stratégies.
3 L’estime de soi fluctue durant toute la vie.
C’est une conséquence de la deuxième règle.
Il n’y a pas d’un côté les personnes qui ont une bonne estime de soi et d’un autre côté ceux qui en ont une mauvaise. L’estime de soi est une dimension : je me trouve plus ou moins valable.
Si je définis une grandeur à l’estime de soi entre 0 (Je n’ai aucune valeur) et 10 (Je suis entièrement aimable et capable), chaque personne se positionne à un endroit de cette dimension.
Et cette « note » varie toute notre vie, suivant
- Mes expériences (réussites, échecs, amour, ruptures…),
- Les stratégies que j’utilise pour valoriser mon estime de soi,
- Et ma façon de penser (mes interprétations -projections- et mes croyances).
Même s’il est vrai que ce que j’ai vécu dans ma tendre enfance est un moment clé de la construction de mon estime de soi, il est possible de « redresser la barre » une fois adulte. Les psychothérapies destinées à améliorer l’estime de soi ont démontré leur efficacité.
Quelles sont les conséquences d’une mauvaise estime de soi ?
Je l’ai vu, chaque personne utilise des stratégies pour rénover son estime de soi. Si cette dernière est bonne, ces stratégies sont multiples et utilisées modérément.
Mais les personnes qui ont intégré une mauvaise estime de soi, surexploitent et deviennent dépendantes de ces stratégies pour la réhausser.
L’exemple le plus parlant est celui de la personne qui présente une dépendance affective de type amoureuse.
C’est une personne qui compense son manque d’estime de soi dans la relation amoureuse. Lorsqu’une personne ayant une bonne estime de soi souffre trop d’une relation, il lui est possible d’envisager une séparation. Par contre, la séparation n’est pas envisageable pour la personne dépendante amoureuse. Elle va donc continuer à souffrir d’une relation toxique, dévalorisante voire violente, plutôt que d’envisager la rupture, la solitude affective paraissant trop angoissante.
Les personnalités « perverses-narcissiques » repèrent ces éléments de fragilité affective. Effectivement, les personnalités dépendantes affectives sont les proies idéales pour qui veut déployer une relation d’emprise.
Il existe d’autres types de dépendance à ces stratégies de rénovation de l’estime de soi : cela peut être une personne qui souffre de dépendance à l’aide d’autrui, c’est-à-dire qui ne peut s’empêcher d’endosser le rôle de sauveur pour se valoriser via la reconnaissance. Bien souvent la personne s’y noie car elle ne prend plus le temps de se ressourcer.
Lorsque ces stratégies ne suffisent pas ou plus pour maintenir un certain niveau d’estime de soi, l’altération de soi va se démasquer. La personne va donc ressentir ce sentiment d’infériorité et de désamour de soi qui va se manifester de différentes façons :
Elle doute de sa valeur et se compare sans cesse aux autres. Elle se dévalorise et se focalise sur ses soi-disant défauts (complexes). Le complexe est une explication simple à ce ressenti : « Je me sens mal aimé(e), c’est à cause de mon nez. Je n’aurai plus de problème si je me fais opérer. »
La personne est incapable de prendre conscience de ses qualités, d’être fière d’elle et a du mal à accepter les compliments.
Elle a du mal à donner son avis, à se décider ou à s’engager. Elle a sans cesse peur de faire des erreurs ou de ne pas plaire. Elle pense être perçue comme inintéressante ou transparente (effet projection).
Lorsque cela se passe bien pour elle, elle pense qu’elle va être démasquée dans sa « nullité ». C’est ce qu’on nomme le syndrome de l’imposteur.
Il y a une peur du changement et de l’inconnu. Elle évite les nouveaux projets et les nouvelles relations. Elle a tellement peur de souffrir de la relation qu’elle se retranche souvent dans une attitude défensive (carapace), qui peut prendre le masque de l’hypercontrôle, de la fuite ou de l’hostilité envers les autres.
Les émotions sont très mal régulées, ce qui explique qu’à un moment apparaissent des troubles anxieux, de la dépression, de l’agressivité contre soi ou autrui et des addictions.
Le cas extrême est celui des personnes qui ont intégré leur mauvaise estime de soi et ont abandonné d’idée de la réhausser. Elles ont des histoires de maltraitance et d’abandon. C’est comme si elles avaient intégré : « Je ne vaux rien, personne ne peut m’aimer et je suis un(e) incapable. » Résultats, elles abandonnent tout projet, désinvestissent les relations sociales et se retrouvent bien souvent en précarité sociale, voire SDF.